Photo : l’artiste écoféministe engagée Isadora Romero, lauréate du Prix Découverte Fondation Louis Roederer 2023

Les Rencontres de la Photographie s’associent depuis 2018 à la Fondation Louis Roederer, qui célèbre depuis sa naissance en 2011 l’art de la photographie. Lors de la soirée du 7 juillet au théâtre antique, le prestigieux jury (composé notamment de Clément Chéroux, directeur de la fondation Henri Cartier-Bresson), a remis le Prix Découverte 2023 à Isadora Romero, artiste sélectionnée parmi les dix candidats qui avaient été retenus pour exposer à Arles. Le projet Fumée, Racine, Semence d’Isadora Romero, installé à l’Église des Frères Prêcheurs jusqu’au 27 août, lui permet ainsi de remporter une dotation de 15 000 euros.

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Une artiste écoféministe engagée

Née en 1987 à Quito, Isadora Romero s’intéresse à la photographie depuis l’âge de neuf ans. Après des cours de photographie à l’Alliance française de Quito, elle poursuit ses études à Buenos Aires, à l’université de Palermo. C’est là qu’elle découvre son intérêt pour les techniques expérimentales et développe son identité artistique. Si elle se dit inspirée par David Hockney et Jeff Wall, elle explique néanmoins faire peu de cas du passé et puiser surtout son inspiration chez ses contemporains.

Vue de l'exposition du Prix Découverte 2023 de la Fondation Louis Roederer à Arles. Courtesy Fondation Louis Roederer

Vue de l’exposition du Prix Découverte 2023 de la Fondation Louis Roederer à Arles. Courtesy Fondation Louis Roederer

L’œuvre d’Isadora Romero, résolument engagée, se centre sur les questions sociales liées à l’environnement et aux minorités. Ses photographies témoignent de ses ferventes convictions et mettent en évidence les catastrophes écologiques et humaines, mais font également figurer les acteurs de l’ombre qui constituent pour l’artiste des voies d’espoir. Dans cette logique, elle poursuit son engagement à travers la fondation de Ruda Colectiva, un collectif de femmes photographes latino-américaines, et travaille également en tant que formatrice et membre de Foto Féminas, de Diversify Photo et de Women Photograph, collectifs féministes engagés pour la diversité. Son travail a déjà été récompensé à plusieurs occasions : elle a notamment reçu le prestigieux prix mondial et régional de World Press Photo 2022 et avait bénéficié de la Photography and Social Justice Fellowship 2021 de Magnum Foundation.

Isadora Romero, Sans titre [Mama Josefina Lema dirige un rituel de Kuya Raymi et un festival ancestral en l’honneur de la Terre Mère], série Muyu-Lab, Imbabura, Équateur, 2020. Courtesy de l’artiste.

Isadora Romero, Sans titre [Mama Josefina Lema dirige un rituel de Kuya Raymi et un festival ancestral en l’honneur de la Terre Mère], série Muyu-Lab, Imbabura, Équateur, 2020. Courtesy de l’artiste.

Un regard critique et optimiste

Pour Audrey Bazin, directrice artistique de la Fondation Louis Roederer, « le Prix du Jury remis à Isadora Romero a distingué autant un travail photographique sensible qu’un engagement déterminé, il nous convainc de la nécessité du regard des artistes sur le monde pour le changer pour le meilleur ». Déjà auteure de plusieurs séries sur l’environnement, comme celle commandée par « Le Monde » et qui avait pour sujet la pollution du pétrole sur le sol équatorien, ou celle réalisée lors d’une expédition scientifique en Antarctique, la photographe présente pour Arles une série inédite intitulée Fumée, Racine, Semence (Humo, Semilla, Raíz).

Isadora Romero, Œil [pierre cérémonielle qui était probablement utilisée pour broyer le maïs par les premières populations présentes sur le territoire de Teotitlán del Valle], série Puis nous apprivoisons le feu, Teotitlán del Valle, Oaxaca, Mexique, 2022. Courtesy de l’artiste.

Isadora Romero, Œil [pierre cérémonielle qui était probablement utilisée pour broyer le maïs par les premières populations présentes sur le territoire de Teotitlán del Valle], série Puis nous apprivoisons le feu, Teotitlán del Valle, Oaxaca, Mexique, 2022. Courtesy de l’artiste.

Cette exposition dédiée à l’agrobiodiversité est pensée comme un conte qui part d’une question, et se divise en chapitres. En découvrant que ses ancêtres étaient gardiens de semence, et en constatant que 75 % de la biodiversité végétale avait disparu, Isadora Romero conçoit une série de photographies qui ont pour point de départ la question suivante : « comment la perte de la mémoire ancestrale et des savoirs autochtones – conséquence de la colonisation, des déplacements forcés et du racisme – entraîne-t-elle la disparition des semences à un rythme effréné ? ». Chaque chapitre se consacre à un paysage d’Amérique latine : les photographies prises au Paraguay s’intéressent aux collectivités féminines qui luttent contre l’agro-industrie, tandis qu’en Équateur, la photographe explore les notions de conservation. Le point d’orgue du projet reste très personnel et se dédie à son histoire familiale colombienne. Le regard de l’artiste, s’il est critique, n’en demeure pas moins résolument positif : Isadora Romero fait découvrir au spectateur tout un champ des possibles à travers la mise en valeur des figures de résistance.


Fumée, Racine, Semence.
Les Rencontres de la Photographie, Arles
Église des Frères Prêcheurs
3 juillet- 27 août 2023


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