Jonzac : une photographe qui utilise son art pour valoriser le handicap

Originaire de la région parisienne et diplômée en 2016 de l’école de photographie EFET, Jennifer Lescouët-Pot vit à Jonzac depuis trois ans, elle est mariée et a deux enfants. Elle vient d’ouvrir son studio photo, début novembre, au 2, rue du Four. En avril 2023, on a pu voir son exposition…

Originaire de la région parisienne et diplômée en 2016 de l’école de photographie EFET, Jennifer Lescouët-Pot vit à Jonzac depuis trois ans, elle est mariée et a deux enfants. Elle vient d’ouvrir son studio photo, début novembre, au 2, rue du Four. En avril 2023, on a pu voir son exposition « Les mots du silence » à l’office de tourisme, un beau travail en noir et blanc où les personnes photographiées parlent la langue des signes, en tee-shirt noir, sur fond noir. Depuis 2016, « Les mots du silence » ont été maintes fois exposés. Parallèlement, Jennifer Lescouët-Pot a obtenu de nombreux prix, en France et à l’étranger, et deux livres sont parus, « Inouïes » aux éditions Inclood en 2019, et « Signence, la langue des signes », aux éditions Renaissens en 2020. Ce livre fait l’objet d’une réédition qui sortira en mars 2024.

Pourquoi cette fascination pour le monde des sourds ? Jennifer est devenue sourde à la suite d’un accident à l’âge de huit ans, et est restée dans un silence absolu jusqu’à l’âge de 12 ans, les prothèses auditives ne fonctionnaient pas pour elle. Un premier implant cochléaire lui a permis d’entendre en 2001, un deuxième implant quelques années plus tard lui a redonné l’audition en stéréo. Elle se sent située entre les deux, le monde des sourds et le monde des entendants, elle a appris à signer tard, seule.

Une approche artistique avec les photos d’iris

Jennifer Lescouët-Pot aimerait refaire une exposition à Jonzac, au Cloître des Carmes. Dans son studio, elle propose ce que fait tout studio, shooting, photos d’identité, mariages, naissances… mais elle et son mari Fred ont découvert les photos d’iris à La Rochelle, avec Iris Galerie. Ce procédé né en Allemagne s’exporte maintenant partout dans le monde. « J’ai trouvé ça très artistique. Avec les bases acquises dans mon école de photographie, j’ai essayé pendant un an, j’ai trouvé la technique, on poursuit aujourd’hui pour l’améliorer. Il y a tout un ensemble de paramètres, trouver le bon éclairage, le bon relief. L’iris est comme de l’eau, tout se reflète, c’est comme faire une macro sur une goutte d’eau. J’ai demandé à une amie orthoptiste, le flash ne présente pas de danger pour l’œil », décrit Jennifer.

« Après, il y a le travail de postproduction, je ne veux pas faire de travail à la chaîne, je tiens à apporter mes propres couleurs, mes propres retouches, c’est incroyable, une nouvelle planète », ajoute la photographe. Le résultat est étonnant, un œil vert est en fait un mélange de jaune, d’orange et de marron, avec ses reliefs. Il devient vert à la lumière naturelle. « Je ne voyais pas mes yeux comme ça » est une réaction souvent entendue. Jennifer Lescouët-Pot est la première à faire des photos d’iris à Jonzac et les gens sont ravis de ne pas avoir à aller à La Rochelle ou Bordeaux. Le concept plaît, les photos de famille deviennent les photos d’iris de chacun, et elles sont réalisables à partir de l’âge de 5 ans.