À Lorient, Fañch Stéphant fait des photos comme un poisson dans l’eau

Être photographe underwater (sous l’eau), cela sonne comme un métier passion, une vocation que l’on nourrit dès l’enfance. Pourtant, Fañch Stéphant, 42 ans, est un peu devenu photographe par un concours de circonstances. Une succession d’événements de vie qui l’ont amené à exercer en tant que professionnel. Une profession qu’il pratique en parallèle de sa seconde activité de maître d’œuvre en génie écologique. Une passion qu’il partage sur Instagram avec ses comptes fanch_stephant et fanch_underwater.

« Je n’avais jamais fait de photo avant »

Pas de méprise, l’eau a toujours été son élément. Le Lorientais de naissance l’affirme : « Je ne pourrais pas vivre loin de la mer ». Son aventure a d’abord démarré en piscine. « J’ai fait cinq ans d’apnée à Vannes », avant de bifurquer vers l’océan. « Lors d’un voyage en Corse, ma femme voulait faire de la plongée et on a fait notre baptême. Par la suite, j’ai continué et pas elle », s’amuse-t-il. De niveaux en brevets, il pratique et finit même par devenir encadrant. En 2018, le Comité interrégional Bretagne Pays de la Loire (CIBPL) de plongée propose une formation de photographe subaquatique à laquelle Fañch Stéphant décide de s’inscrire. « Je n’avais jamais fait de photo avant ». Difficile de croire aujourd’hui que cet apprentissage sur le tas n’a débuté que cinq ans auparavant. « Au début, ça m’intéressait surtout pour moi, pour pouvoir ramener des souvenirs de mes plongées et témoigner de notre patrimoine sous-marin. Quand on raconte : « j’ai vu un congre, un homard ou un poulpe », les gens voient ce que c’est mais n’imaginent pas les couleurs ». Pour lui, les eaux bretonnes ont injustement mauvaise presse dans l’imaginaire collectif. « On se les imagine ternes alors que pas du tout. C’est juste canon ! », rectifie-t-il avec enthousiasme.

« Aujourd’hui, c’est ma passion »

Apprendre la photographie c’est déjà une aventure, alors, pour l’apprendre sous l’eau, Fañch Stéphant a dû mettre les bouchées doubles. « En profondeur, on perd vite les couleurs, donc il faut travailler sur le flash et les lumières. Il y a aussi le manque de stabilité et la turbidité qui créent des flous ». Si ses premiers modèles ont été des Playmobils, aujourd’hui, il réalise, en piscine, des photographies de femmes avec l’œil artistique de son appareil. Là encore, c’est par un événement de vie inattendu qu’il s’engage dans cette voie. « Pendant ma formation, on a été contacté par une jeune fille, qui est sirène, et qui avait besoin de photos en piscine ». Une première approche qui le laisse sceptique mais qui l’a poussé à s’interroger. « J’ai découvert, sur les réseaux sociaux, Julie Gautier, qui est une apnéiste, chorégraphe et réalisatrice de film underwater ». Le néophotographe découvre alors son film « Ama ». « Je ne suis pas émotif à la base, mais là ça m’a interpellé », sourit-il. Il met le doigt dans l’engrenage le jour où il propose à une de ses collègues un essai pour être modèle. « Aujourd’hui, c’est ma passion ». Plus encore, de cette passion est née une première exposition intitulée « Inspirations », qu’il a réalisée avec son agence Tutti Arly.

En piscine, dans la ria d’Étel, sous les rivières gelées des Pyrénées, ou encore en spéléologie sous-marine, Fañch Stéphant est maintenant un plongeur et photographe aguerri. Pour autant, il ne se sent pas appartenir à l’eau : « Il ne faut surtout pas, on ne maîtrise jamais cet élément, il faut s’en méfier ». Plus que de la peur, c’est surtout du respect que le photographe sous-marin lui témoigne. Il avoue « encore sacraliser chaque entrée dans l’eau ».