Le musée de l’immigration rouvre pour raconter une « histoire commune »


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« La route de l’exil », oeuvre de l’artiste camerounais Barthélémy Toguo représentant les traversées risquées de la Méditerranée, au musée national de l’immigration, à Paris le 8 juin 2023PHOTO AFP / –

Comment les immigrés ont-ils façonné la société française ? C’est en substance la question à laquelle se propose de répondre le musée de l’immigration, qui doit rouvrir ses portes mardi à Paris après trois années de fermeture, entièrement repensé autour de cette « histoire commune ».

Pour mieux donner à voir l’infusion progressive de l’immigration dans toutes les sphères de la société, l’exposition permanente suivra désormais un déroulé chronologique, qui s’appuie sur onze grandes dates, allant de 1685 à nos jours.

« L’immigration fait partie intégrante de l’Histoire de la France, d’une histoire commune. A chacune de ces dates, on va poser (…) la place qu’ont eue les étrangers et la manière dont ils ont fait l’Histoire de France », rappelle à l’AFP Constance Rivière, directrice générale du Palais de la Porte Dorée, qui héberge le musée national de l’histoire de l’immigration.

Une démarche justifiée par le fait qu' »aujourd’hui, un Français sur trois est immigré, enfant d’immigré ou petit-enfant d’immigré », poursuit-elle.

« On a voulu rendre cette histoire dans sa complexité, avec l’histoire des gens qui sont déjà là », Français, et celle « de ceux qui arrivent, donc les migrants », souligne l’historienne Marianne Amar, l’une des commissaires scientifiques du musée. Pour « tisser ensemble ces deux histoires » qui n’avancent pas de façon « parallèle » mais « ensemble ».

– « Pas un manuel scolaire » –

L’immigration aujourd’hui, c’est donc tout autant cette barque chargée de ballots de tissus africains et reposant sur des bouteilles vides, une oeuvre de l’artiste camerounais Barthélémy Toguo représentant les traversées risquées de la Méditerranée, que ces médecins et infirmiers étrangers photographiés dans les hôpitaux français durant la crise du Covid-19.

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Portrait d’une « Jeune Polonaise saisie par le froid » (1842) par le peintre Teofil Kwiatkowski, au musée de l’immigration à Paris le 8 juin 2023PHOTO AFP / –

Avant d’en arriver là, le visiteur déambule dans les 1.800 mètres de l’exposition, dont 80% des oeuvres ont été renouvelées depuis la fermeture en décembre 2020.

La visite démarre en 1685, année du Code noir, symbole de l’époque coloniale, mais aussi celle de la révocation de l’Edit de Nantes et de l’exil des Huguenots: une date « volontairement provocatrice » car le musée, « ce n’est pas un manuel scolaire », assume Marianne Amar. C’est une date qui montre « que la France n’est pas qu’un pays d’immigration, mais aussi un pays d’émigration », poursuit-elle.

Le visiteur remonte ensuite les années et les turbulences d’une Histoire souvent contrariée, pour trouver réponse à cette question, résumée par la commissaire exécutive de l’exposition, Emilie Gandon: « Comment devient-on Français au fil du temps ? »

En 1848, la France assiste à l’arrivée des exilés polonais pendant qu’une pétition est lancée – et affichée au musée – par des réfugiés italiens et espagnols contre leur assignation à résidence en province.

A l’époque, celle du premier recensement des étrangers, ces derniers formaient 1% de la population, contre 10% aujourd’hui. Il faut dire qu’au milieu du XIXe siècle, les personnes originaires de Quimper ou de Carpentras venant à Paris étaient considérées dans les représentations artistiques comme des exilés.

– Lutter contre les « préjugés » –

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« Salle de la musique » au musée de l’immigration, à Paris le 8 juin 2023PHOTO AFP / –

Participation des étrangers à l’effort de guerre en 1917, indépendance de l’Algérie en 1962, conséquences des décolonisations, mobilisations en 1973 pour les droits des travailleurs étrangers… l’exposition donne à voir en cartes, photos, peintures et autres documents tous les événements-clés du maillage menant de l’immigration vers l’intégration.

Dans la section 1995, année de création de l’espace Schengen, le visiteur est accueilli par une série de photos de Thomas Mailaender représentant les « voitures cathédrales », comme les surnommaient à l’époque les dockers du port de Marseille, ces voitures aux toits surchargés de mobilier et d’électroménager à bord desquelles les familles immigrées prenaient la route l’été notamment vers le Maghreb.

C’est aussi l’époque éphémère de la « France Black-Blanc-Beur », observe Mme Amar, devant quelques marionnettes des Guignols, dont celle de Zinedine Zidane en maillot de l’équipe de France de football.

Rapidement, le visiteur sort de la chronologie pour être témoin de l’immigration vue aujourd’hui par les artistes: les photos des campements sous le boulevard périphérique parisien juxtaposées à celles des Ukrainiens accueillis à bras ouverts. Et, autre nouveauté, quelques données démographiques issues des dernières études, placardées aux murs.

« Notre conviction, c’est que les préjugés » naissent « d’une forme d’ignorance », estime la directrice du Palais, Constance Rivière.

Le musée, officiellement inauguré mardi, doit ouvrir au grand public le 17 juin.

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