Pau : l’expo photo « Ossau 1920 », ou comment la géniale vision d’un philanthrope a permis d’immortaliser la vallée

C’est l’histoire d’une idée un peu folle, sortie de l’esprit un brin mégalomane d’un richissime banquier alsacien, Albert Khan, au début du XXe siècle. Et s’il utilisait une partie de sa fortune pour envoyer dans divers pays du monde des photographes et constituer rien moins que des Archives de la Planète ?

Le travail des photographes était très codifié, avant tout documentaire.
Le travail des photographes était très codifié, avant tout documentaire.

David Le Deodic/ « Sud Ouest »

Dans les premières salles, une sélection d’autochromes des immenses Archives de la Planète, imaginées par Albert Kahn.
Dans les premières salles, une sélection d’autochromes des immenses Archives de la Planète, imaginées par Albert Kahn…

C’est l’histoire d’une idée un peu folle, sortie de l’esprit un brin mégalomane d’un richissime banquier alsacien, Albert Khan, au début du XXe siècle. Et s’il utilisait une partie de sa fortune pour envoyer dans divers pays du monde des photographes et constituer rien moins que des Archives de la Planète ?

Le travail des photographes était très codifié, avant tout documentaire.
Le travail des photographes était très codifié, avant tout documentaire.

David Le Deodic/ « Sud Ouest »

Dans les premières salles, une sélection d’autochromes des immenses Archives de la Planète, imaginées par Albert Kahn.
Dans les premières salles, une sélection d’autochromes des immenses Archives de la Planète, imaginées par Albert Kahn.

David Le Deodic/ « Sud Ouest »

Comme souvent, des idées les plus folles émergent les plus belles réalisations, et voici comment est née la plus importante collection mondiale d’autochromes (photographies en couleurs sur plaques de verre) et de films en noir et blanc. Elle comporte plus de 70 000 images et plus d’une centaine d’heures de film, conservées au musée départemental Albert-Kahn, dans les Hauts-de-Seine.

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Mémoire universelle

L’exposition « Ossau 1920 », visible au musée des Beaux-Arts de Pau depuis le 3 juin et jusqu’au 1er octobre 2023, est un échantillon inédit de cet immense travail artistique et mémoriel, à rapprocher du territoire béarnais grâce à Christian Casassus, le commissaire de l’exposition.

L’exposition est à découvrir jusqu’au 1er octobre.
L’exposition est à découvrir jusqu’au 1er octobre.

David Le Deodic/ « Sud Ouest »

« Il y a trente ans, quand j’ai appris l’existence de ces Archives de la Planète, je me suis demandé ‘‘Et si, parmi ces reportages, certains avaient été faits dans des villages des vallées pyrénéennes ?’‘ J’ai lancé une bouteille à la mer », explique l’Ossalois d’origine qui est aussi, clin d’œil de l’histoire, banquier.

À la sortie du Covid, il tombe sur l’expo « Paris 1910-1937 », tirée du fonds Albert-Kahn, et remonte au front, contacte le musée alors en pleine construction (il sera inauguré en avril 2022). Bingo. Parmi la douzaine de photographes ayant opéré dans 50 pays pour le compte du projet humaniste, le Bordelais Fernand Cuville immortalisera une poignée de villages ossalois : Bielle, Béon, Béost, Laruns et les Eaux Chaudes.

Les costumes traditionnels ossalois.
Les costumes traditionnels ossalois.

David Le Deodic/ « Sud Ouest »

Aurore Méchain, la directrice du musée, lors de l’installation, début juin au côté de l’adjoint à la culture, Jean Lacoste, et de Christian Casassus, le commissaire de l’exposition.
Aurore Méchain, la directrice du musée, lors de l’installation, début juin au côté de l’adjoint à la culture, Jean Lacoste, et de Christian Casassus, le commissaire de l’exposition.

G. B.

Il débarque en vallée d’Ossau en septembre 1920 et y applique à la lettre la méthodologie définie par Jean Brunhes, le directeur scientifique de la « mission » Archives de la Planète. « Les reportages étaient très structurés, autour de la famille, du travail. Tout était codifié, avec une réelle intension », explique Aurore Méchain, la directrice du musée.

Vraisemblablement à dos de mulet, lourdement équipé avec sa chambre photographique et les plaques de verre nécessaires aux autochromes, il traverse Bielle et Béon lors des fêtes patronales, Béost et Laruns, puis monte au pied de Notre-Dame-du-Hourat, d’où il prend des vues panoramiques.

Il passe par les Eaux Chaudes pour rejoindre le hameau de Goust, où il tire le portrait d’habitants, puis rejoint Gabas. Dernière étape, non des moindres, à Bious-Artigues (avant l’existence du lac), d’où il saisit un… saisissant pic du Midi d’Ossau.

Pour Fernand Cuville et son donneur d’ordre, il s’agissait d’enregistrer les paysages, le quotidien et les pratiques culturelles de façon systématique.

« Ossau 1920 », une collection jamais exposée jusqu’alors.
« Ossau 1920 », une collection jamais exposée jusqu’alors.

David Le Deodic/ « Sud Ouest »

Méthodique

Albert Kahn, féru de philosophie – il a eu pour enseignant un certain Henri Bergson – et d’humanisme en général, voyait s’opérer l’industrialisation du monde occidental, et pressentait dès les années 1910 les basculements de la société, en cours et à venir.

Le visiteur est marqué par la grandeur immuable des paysages, et la beauté des visages.

La grandeur immuable des paysages pyrénéens.
La grandeur immuable des paysages pyrénéens.

David Le Deodic/ « Sud Ouest »

« Il imagine un témoignage, pour se souvenir, et finance des reportages dans le monde entier. Techniquement, cela est rendu possible par l’autochrome, l’impression sur plaques de verre en utilisant de la fécule de pomme de terre », explique encore Aurore Méchain.

Si les lieux n’ont somme toute pas tant changé – l’urbanisation est surtout visible en « négatif » autour de Laruns -, les costumes de fête et habits d’époque rappellent au visiteur une identité visuelle aujourd’hui seulement présente lors des danses traditionnelles et autres fêtes célébrant le patrimoine.

L’exposition est accrochée depuis le début du mois de juin.
L’exposition est accrochée depuis le début du mois de juin.

David Le Deodic/ « Sud Ouest »

Mais ce qui marque plus encore, c’est la grandeur immuable des paysages, et la beauté de visages si vivants malgré le temps de pose et le temps qui a passé.

Ces images entrent en résonance immédiate avec celles de la première partie de l’exposition, accrochées dans les salles adjacentes, qui montrent ici une famille de notables japonais, là des peuples africains, ou un émir du Moyen-Orient.

Tout les sépare des Ossalois, et pourtant dans leurs regards à tous se niche un ingrédient universel : l’humanité.

Des scènes de la vie quotidienne datant de plus d’un siècle.
Des scènes de la vie quotidienne datant de plus d’un siècle.

David Le Deodic/ « Sud Ouest »

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