Carla Chammas : « Helen Khal est un pilier de l’effervescence artistique du Liban de l’âge d’or

Inspiré de l’exposition « At the Still Point of the Turning World, There Is the Dance », organisée en 2019 au musée Sursock Sursock, Gallery One and Beirut in the 1960s (Sternberg Press), l’ouvrage cosigné par Carla Chammas, Rachel Dedman et Omar Kholeif revient sur une période d’effervescence de la scène artistique libanaise, celle des années 1960-1970, à travers le prisme de l’une de ses personnalités phares : l’artiste, galeriste et critique d’art Helen Khal.

Ex-galeriste à New York reconvertie aujourd’hui dans le curatoriat et le conseil en art, Carla Chammas, qui est à l’origine tant de l’exposition que de l’ouvrage qui en a émergé, répond aux trois questions de L’Orient-Le jour.

, Carla Chammas : « Helen Khal est un pilier de l’effervescence artistique du Liban de l’âge d’orCarla Chammas, une ex-galeriste libano-new-yorkaise intéressée par le parcours d’une grande figure de l’art libanais. Photo DR

Pouvez-vous nous présenter cet ouvrage et nous expliquer pourquoi, alors qu’il est intrinsèquement lié à l’exposition de 2019, sa publication n’a lieu qu’aujourd’hui, soit quatre ans plus tard ?

Ce livre a en effet pour point de départ le catalogue de l’exposition « At the Still Point of the Turning World, There Is the Dance » que j’avais organisée avec Rachel Dedman dans le cadre de Home Works 8 au musée Sursock Sursock en 2019. Son inauguration a, malheureusement, coïncidé avec le déclenchement des multiples crises libanaises et des fermetures-réouvertures successives du musée Sursock qui en ont découlé ainsi qu’à un niveau plus personnel avec le décès soudain de ma mère. Tous ces événements m’ont amenée à mettre entre parenthèses le projet de publication qui devait en émerger. Ce n’est qu’à la suite de l’explosion au port de Beyrouth qu’ayant ressenti le besoin de faire quelques chose qui témoigne de la richesse artistique et intellectuelle de cette ville blessée, j’ai décidé de reprendre sa réalisation. J’ai alors fait appel à mon ami Omar Kholeif (auteur, curateur et historien de l’art égyptien, NDLR ) qui m’a aidée à terminer cet ouvrage et à trouver un éditeur. Ce qui explique sa parution quatre ans plus tard… Je voudrais d’ailleurs signaler que ce livre – qui reprend les cinq chapitres de l’exposition – est le fruit des efforts conjugués de plusieurs personnes, dont Christine Tohmé ? directrice de Home Works, et Rachel Dedman, cocuratrice de l’exposition (qui est curatrice au V&A Museum), qui a également signé le texte relié aux parties définies de l’exposition… Je voudrais également signaler le travail des designers qui ont réalisé la belle mise en page et remercier tous les artistes, dont Farid Haddad et Simone Fattal, dont les précieuses contributions ont informé notre travail…

Avez-vous personnellement connu Helen Khal ? Sinon, sur quels témoignages et archives vous êtes-vous appuyée pour la réalisation de cet ouvrage ?

Je ne l’ai malheureusement pas connue. J’ai quitté le Liban très jeune, à l’âge de 17-18 ans, pour étudier aux États-Unis, suite à quoi je me suis installée à New York où j’ai ouvert dans les années 1980 une galerie dédiée à l’art américain et européen. Je ne connaissais pas vraiment les artistes libanais jusqu’à ma rencontre avec Joanna Hadji-Thomas et Khalil Joreige que j’ai représenté. J’ai eu ensuite l’opportunité de découvrir le travail de Salwa Raouda Shoucair, par le biais de sa Fondation dirigée par sa fille Hala Shoucair. Et j’ai présenté deux expositions aux États-Unis consacrées à cette grande artiste libanaise qui était l’une des plus grandes figures de l’art moderne du monde arabe. Cette collaboration m’a amenée à me pencher sur les artistes libanais de son temps. Et c’est à partir de là que j’ai commencé à m’intéresser à la scène artistique libanaise par le biais de mon orientation commerciale, ayant été galeriste durant 29 ans, et que j’ai découvert la Gallery One, la première galerie au Liban fondée en 1963 par Helen Khal et son mari, le poète Youssef Khal. Lorsque Christine Tohmé m’a approchée pour faire une exposition dans le cadre de Home Works 8, j’ai aussitôt choisi d’explorer ce fameux Golden Age, cet âge d’or, au Liban par le biais de ses artistes et en prenant comme fil conducteur le personnage d’Helen Khal sur lequel (par affinités électives sans doute !) je me suis concentrée… J’ai ainsi monté l’exposition autour d’elle en me référant à ses archives, aujourd’hui conservées au musée Sursock Macam de César Nammour. Mais aussi aux témoignages du grand critique de l’époque Jo Tarrab avec qui je me suis réunie au Liban, avant de me rendre chez le peintre Farid Haddad, qui a été l’un de ses grands amis, à New Hampshire. Helen l’avait beaucoup encouragé au début de sa carrière. Il m’a beaucoup appris sur cette époque artistique faste des années 1960 et sur l’important rôle qu’elle y avait joué…

Pouvez-vous donner à nos lecteurs, hormis ceux qui s’intéressent à l’art, trois raisons de lire cet ouvrage ?

Cet ouvrage, c’est notre histoire. Il raconte une période d’une grande richesse créative à travers cette figure féminine qui a eu une influence fondamentale dans l’effervescence artistique des années d’avant-guerre. À travers ses différentes facettes d’artiste, de galeriste, de critique (au Daily Star, entre autres), d’historienne de l’art (professeure à l’ALBA), Helen Khal a été une grande source d’inspiration pour de nombreux artistes libanais, mais aussi pour des artistes jordaniens, égyptiens, irakiens ou encore palestiniens, pour qui Beyrouth, au cours des années 1960 et 1970, représentait la plateforme de la liberté et de la créativité dans la région. Helen Khal était très liée avec Huguette Caland, elle était aussi amie avec Yvette Achkar, elle connaissait très bien Aref Rayess qui a été un peu son mentor, elle respectait Salwa Raouda Schoucair, elle a été la maîtresse de Chafic Abboud aussi… À travers le parcours de cette artiste, femme, mère et intellectuelle, ce livre raconte un temps glorieux de l’histoire du Liban. Un temps auquel on aimerait tous revenir…  

*Carla Chammas signe « Gallery One and Beirut In the 1960s » (Sternberg Press) ce soir, samedi 23 septembre, de 18h à 20h, au musée Sursock Sursock. Le produit de la vente ira au bénéfice du musée Sursock.

Inspiré de l’exposition « At the Still Point of the Turning World, There Is the Dance », organisée en 2019 au musée Sursock Sursock, Gallery One and Beirut in the 1960s (Sternberg Press), l’ouvrage cosigné par Carla Chammas, Rachel Dedman et Omar Kholeif revient sur une période d’effervescence de la scène artistique libanaise, celle des années 1960-1970, à travers le prisme de…

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