Taguer « MeToo » sur « L’origine du monde » est-il un acte artistique et militant

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Tracer la frontière entre action artistique et vandalisme est aun défi qui remonte (presque) à l’origine du monde… Lundi 6 mai, le tableau L’Origine du monde a été tagué à la peinture rouge au Centre Pompidou-Metz. L’œuvre de Gustave Courbet, qui représente un sexe féminin, était « protégée par une vitre ».

Cette action, organisée par l’artiste performeuse franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis, était baptisée « On ne sépare pas la femme de l’artiste ». Deux femmes ont tagué « MeToo » sur L’Origine du monde ainsi que sur une œuvre de Valie Export.

Au total, cinq œuvres ont été taguées de la mention « MeToo », selon le Centre Pompidou-Metz, qui explique dans un communiqué que quelques personnes « ont fait diversion auprès du personnel de médiation et de sécurité, permettant aux autres membres du groupe » de taguer les œuvres.

Vandalisme féministe

« Avec tout le respect que nous portons aux mouvements féministes, nous sommes choqués de voir vandaliser des œuvres d’artistes, notamment d’artistes féministes, au cœur des combats de l’histoire de l’art », a déclaré Chiara Parisi, directrice du musée, citée dans le communiqué.

Deborah de Robertis explique avoir souhaité « interpeller l’histoire de l’art » notamment en taguant MeToo sur ce célèbre tableau « car les femmes sont l’origine du monde ». Outre les tagages, une œuvre a été volée lors de cette action, une broderie rouge sur tissu d’Annette Messager, baptisée « Je pense donc je suce » (1991).

Réappropriation et fellations

Sur ce point, Deborah de Robertis plaide le « geste de réappropriation ». L’œuvre est issue de la collection personnelle d’un critique d’art, également l’un des commissaires de l’exposition « Lacan, quand l’art rencontre la psychanalyse », dans laquelle la broderie était exposée. L’activiste annonce avoir eu des relations sexuelles avec ce critique d’art lorsqu’elle était âgée de 26 ans.

« Je l’ai reconnue tout de suite, j’ai eu envie de vomir, car c’est celle qui est accrochée au-dessus de son lit conjugal, explique Deborah de Robertis. Je me suis souvenue des nombreuses fellations qu’il s’est permis de me demander comme si c’était son dû ».

L’artiste a brièvement publié sur X une vidéo dans laquelle on la voit arracher du cadre dans lequel il est exposé, le tissu de 39,5 par 31,5 cm et le mettre dans son sac noir, sous l’œil d’un visiteur et d’un photographe. En fond sonore, des cris « MeToo » résonnent dans la galerie d’exposition.

Déjà vue (nue) au Louvre et à Lourdes

Deborah de Robertis a expliqué avoir réalisé cette performance féministe car « le monde très fermé de l’art contemporain est resté jusqu’ici majoritairement silencieux ». Par ailleurs, une photo de Deborah de Robertis, baptisée « Miroir de l’Origine du monde » est par ailleurs exposée à proximité de « L’Origine du monde » pour l’exposition du Centre Pompidou-Metz dédiée au psychanalyste. On voit l’artiste poser, le sexe nu, sous l’œuvre de Courbet, une performance réalisée le 29 mai 2014 au musée d’Orsay.

L’artiste est coutumière des actions artistiques qui déclenchent des réactions outragées et des condamnations. Deborah de Robertis avait ainsi dû s’acquitter d’une amende pour s’être dénudée devant la grotte de Lourdes en 2018. Elle a également été plusieurs fois relaxée après des actions similaires, notamment en 2017 pour avoir montré son sexe au musée du Louvre devant La Joconde, à Paris.

Plaider l’art

En 2016, suite à une action au Musée d’Orsay pour laquelle Deborah de Robertis avait été poursuivie pour exhibition sexuelle, 20 Minutes s’interrogeait déjà sur ces performances.

Geneviève Fraisse, philosophe au CNRS, estime qu’elles ont un caractère artistique et féministe : « Le travail de Deborah de Robertis s’insère dans une histoire de l’art qu’elle entend continuer. Elle est ce que j’appelle un « corps qui regarde ». Ses œuvres ont une cohérence qui s’inscrit à chaque fois dans un contexte : la dénonciation de la prostitution, du voyeurisme ou encore de la réification de la femme à travers la publicité. »

Maître Philippe Dutilleul-Francoeur, spécialiste du droit de la propriété intellectuelle, estime que ces actions peuvent être expliquées pour leur portée artistique, « mais d’un point de vue strictement légal il lui aurait fallu une autorisation. Il y a donc de fortes chances qu’elle soit condamnée. »

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