Robert Doisneau, ancien étudiant en photogravure à l’école Estienne savait faire de faux papiers. Un jour pendant la Seconde guerre mondiale, un Juif polonais se présente à lui. Pourchassé par les Allemands, il a un besoin urgent de pièce d’identité. Comme le photographe n’a pas le temps de lui en fabriquer, il lui donne les siens. Alors qu’il ne le connaît pas ! Le Polonais va donc s’appeler Robert Doisneau jusqu’à la fin de la guerre. Ce don risqué résume l’esprit du photographe : généreux, engagé et discret.
Regardez voir : photos mythiques
50 min
Une preuve de la présence nazie
L’esprit de résistance de l’auteur du Baiser de l’Hôtel de ville démarre avant la guerre, en 1929 quand il s’engage dans la photographie, un art alors pas très bien considéré. Mais il s’illustre encore plus pendant, avec la fabrique de faux papiers. Le photographe a aussi mis son talent au service du témoignage de la présence allemande à Paris. Une pratique risquée : les photos étaient interdites. Un cliché présenté dans l’exposition montre des soldats allemands posant fièrement devant la Tour Eiffel. À côté, avec l’image avant cadrage, on comprend, que c’est une photo volée, et que le photographe a dû se cacher pour la prendre.
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Pour Robert Doisneau, témoigner de la guerre passe aussi par la photo d’un ticket de rationnement de charbon devant l’Opéra de Paris très enneigé, ou par montrer des personnes dormant dans le métro pendant les alertes. Pendant la libération de Paris, ses photos toujours bienveillantes, montrent des Résistants, fatigués, mal équipés, mais souriants et soulagés.
Dans la playlist de France Inter
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Imprimeurs clandestins, les travailleurs de l’ombre
Après la Libération, à la demande de la revue artistique et littéraire du Point, le photographe, choisi pour ses connaissances du monde de l’usine, va réaliser un reportage sur les imprimeurs clandestins. Quelques mois auparavant, ces photos auraient été trop dangereuses pour ceux qui imprimaient alors tracts et affiches au péril de leur vie. Les images dans l’exposition montrent la création d’une vignette de sa rédaction à la distribution. Les clichés splendides témoignent d’un pan risqué, mais primordial de la Résistance. Et met des visages d’hommes et de femmes, et de la poésie sur une activité clandestine.
Après la guerre, Robert Doisneau va continuer son engagement. Il participe à la reconnaissance du statut du photographe via l’Association nationale des photographes-reporters qui va défendre le droit à la signature des clichés, à des rémunérations décentes… Un combat dans la continuité des précédents.
Plus d’informations sur l’exposition « Robert Doisneau, l’esprit de résistance »
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