Pour la 25e fois, le studio national des arts contemporains, le Fresnoy à Tourcoing, offre un « Panorama » des œuvres d’étudiants, ainsi que d’artistes invités. Des pièces qui questionnent l’actualité et la création artistique.
« Hervé Bazin demandait ce qu’est le cinéma, mais la question ne se pose plus. La vraie question c’est où se trouve le cinéma ? Et il est partout ! » Chris Dercon, directeur de la Fondation Cartier, est ainsi très fier d’être le commissaire du 25e « Panorama » au Fresnoy. Un musée et une école formant des artistes qui mettent le film au centre de leurs pièces.
La création artistique est étudiée dans l’œuvre de Ferdinand Campos, qui projette sur des montagnes sa démarche poétique lors d’une randonnée au sommet de l’Ariège. « Il s’agissait de décrire en temps réel cette ascension, les ratures, les revirements, et les mettre en scène pour s’intéresser au geste », décrit-il. Ces artistes questionnent aussi l’actualité et la société. En témoigne l’installation vidéo à double canal de Vadim Dumesh, qui montre notamment la guerre en Ukraine et le visage de celui qui filme en même temps.
L’usage de l’intelligence artificielle dans plusieurs œuvres de cette expo suscite des sentiments variés.
Tout le bâtiment a été investi par la scénographie. Mais aussi l’extérieur. On y trouve Résilience, installation d’Hugo Pétigny, allégorie de Don Quichotte où les géants sont les éoliennes de Fruges vers lesquelles il a roulé à vélo pour recharger une dynamo qui servirait à prendre la photo exposée. Sur le plateau de tournage, une œuvre saisissante de Victor Villafagne, You have the right to remain silent, qui sera sur les toits dès le 11 octobre. Une installation sonore composée de 55 enceintes réagissant aux mouvements du public avec l’intelligence artificielle. « L’idée était de mettre en opposition toutes les techniques de contrôle du XXe siècle face aux technologies plus contemporaines que sont les algorithmes », confie-t-il.
Ressorts technologiques
Si l’intelligence artificielle peut fasciner, elle peut aussi effrayer. Et l’usage qui en est fait dans plusieurs œuvres de cette expo suscite des sentiments variés. On est impressionné par ce qu’elle permet de mettre en image et on sent chez certains artistes le recul qu’ils tentent de prendre sans pouvoir se passer de ces ressorts technologiques. Elle est ainsi fort utile dans Digitalis, installation de Léa Collet, réalisée avec des collégiens et composée de films et éléments sculpturaux, mais aussi de parfum. Jisoo Yoo, elle, a basé toute son œuvre dessus en revêtant une combinaison de motion capture pour évoquer la dépendance aux écrans.
L’IA est-elle l’avenir de l’art, notamment lorsqu’il touche au cinéma ? « Panorama 25 » pose au moins la question.
« Panorama 25 »****, jusqu’au 7 janvier au Fresnoy, 22, rue du Fresnoy à Tourcoing. Du mercredi au dimanche, de 14 h à 19 h. 4/3 €, gratuit pour les moins de 18 ans. lefresnoy.net
Autour de l’exposition
Expo-brunch : dimanche 15 octobre, de 10 h à 12 h 30. Tarifs : 10/6 €.
Expo-kids : découverte ludique de l’exposition avec les artistes, nombreux ateliers et animations. Dimanche 12 novembre, de 14 h 30 à 18 h. De 5 à 12 ans, 5 € par enfant.
Carte blanche Arte : mercredi 15 novembre, à partir de 19 h.
Urban Trail : vendredi 15 décembre, départ depuis la Grand-Place de Tourcoing à 19 h pour une déambulation sportive passant par le Fresnoy.
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