Neuf expos photo à voir à Paris pendant les vacances de Noël


Couleur ou noir et blanc ? Viviane Sassen à la MEP, Julia Margaret Cameron au Jeu de paume ou la collection agnès b. ? Notre sélection des meilleures expositions photo à avoir à l’œil pendant les fêtes de fin d’année.

Par Marie-Anne Kleiber

Publié le 25 décembre 2023 à 10h00

“50 ans dans l’œil de Libé”

11 novembre 1989. Chute du mur de Berlin. Entre la porte de Brandebourg et Potsdamer Platz. 11 novembre 1989. Chute du mur de Berlin. Entre la porte de Brandebourg et Potsdamer Platz.

11 novembre 1989. Chute du mur de Berlin. Entre la porte de Brandebourg et Potsdamer Platz. Photo Raymond Depardon/Magnum Photos pour Libération

La cour d’honneur de l’hôtel de Soubise accueille une exposition où l’on peut voir huit unes monumentales et marquantes du journal Libération. Celle, par exemple, annonçant « la mort d’un mec » appelé Coluche en 1986. Y sont aussi présentées quarante-huit photos en grand format, signées, entre autres, par Raymond Depardon ou William Klein. On déambule selon un ordre chronologique, en partant de clichés en noir et blanc des années 1970 pour finir avec d’autres plus récents, en couleurs, où l’on peut observer notamment une manifestation des Gilets jaunes. Les grands événements de ce demi-siècle ont été couverts par les envoyés spéciaux de Libé avec la volonté de casser les codes du reportage. Ces images sont accompagnées d’anecdotes précieuses des photographes et des iconographes sur le contexte ou les coulisses de leur production.

r Jusqu’au 18 fév., 8h-18h (sf lun., mar.), Archives nationales, 60, rue des Francs-Bourgeois, 3e, 01 40 27 60 96. Entrée libre.

“Corps à corps. Histoire(s) de la photographie”

Sans titre [Passagers dans le métro], New York, 1938-1941. Sans titre [Passagers dans le métro], New York, 1938-1941.

Sans titre [Passagers dans le métro], New York, 1938-1941. Photo Walker Evans/Collection Marin Karmitz

Du noir et blanc et des visages. « Corps à corps » se compose de cinq cents chefs-d’œuvre contemporains, extraits de la collection de l’homme de cinéma Marin Karmitz et de celle du Centre Pompidou. Réunies, ces images de nature et de formats divers forment une constellation qui représente la grande famille des hommes et des femmes, au travail ou dans leur vie quotidienne, au cours des XXe et XXIsiècles. L’exposition se décline en sept chapitres : « Les premiers visages », « Fulgurances », « En soi », etc., où se jouent une multitude de dialogues entre différents regards d’artistes. Un voyage à travers l’image fixe, dense, émouvant. Époustouflant ! — Frédérique Chapuis

s Jusqu’au 25 mars 2024, 11h-21h (sf lun. et mar.), 11h-23h (jeu.), Centre Pompidou, place Georges-Pompidou, 4e, 01 44 78 12 33. (14-17 €).

“Dennis Morris – Colored Black”

« Boy tricycle, Hackney », London, 1974. « Boy tricycle, Hackney », London, 1974.

« Boy tricycle, Hackney », London, 1974. Photo Dennis Morris

Célèbre pour ses portraits de musiciens, de Bob Marley aux Sex Pistols, Dennis Morris, né en 1960, a commencé par photographier en noir et blanc les habitants de Dalston, à Londres. Et ce, dès l’adolescence. De la communauté caribéenne de ce quartier pauvre, le jeune garçon, lui-même originaire de la Jamaïque, montre des moments de fierté, à l’image de ces personnes endimanchées qui se font tirer le portrait dans le petit salon de sa famille, transformé en studio de fortune. Des moments de fête aussi, avec ces deux musiciens devant un sound system, ou d’une vie quotidienne plutôt joyeuse, engagée aussi, comme lorsqu’il photographie une manifestation. Les petits chanteurs de la paroisse discutent entre eux, un garçonnet file sur un tricycle. Certains clichés sont accrochés sur une tapisserie furieusement seventies, du reggae est diffusé : de quoi nous plonger, un peu, dans les remuantes années 1970 dans ce coin de Londres.

r Jusqu’au 15 jan. 2024, 11h-19h (sf lun., mar.), 14h-19h (dim.), La Fab. d’agnès b.,
galerie du Jour, place Jean-Michel-Basquiat, 13e, 01 87 44 35 73. Entrée libre.

Une “histoire” de la photographie dans la collection agnès b.

« Thierry », 1979. « Thierry », 1979.

« Thierry », 1979. Photo Hervé Guibert

C’est une partie seulement de l’iceberg qui émerge : agnès b. expose 250 photographies choisies dans sa collection, qui compte 2 500 tirages. Mais quelle partie ! Les clichés sont signés Atget, Lartigue, Cartier-Bresson, Levitt, Leiter, Goldin, Parr… La présentation est chronologique, de 1850 aux années 2000. Pour le reste, à chaque visiteur de se repérer, de trouver par lui-même des fils rouges dans ce « libre assemblage ». À lui d’y déceler le goût de la collectionneuse pour l’écriture sur les murs, l’architecture, la jeunesse éclatante et les questions de genre. Les instantanés de vie abondent, comme cette scène de baignade sur un toit, saisie en 1987 par Emanuel Bovet, éclaboussante de joie.

r Jusqu’au 7 avr., 11h-19h (sf lun., mar.), 14h-19h (dim.), la Fab. d’agnès b., place Jean-Michel-Basquiat, 13e, 01 87 44 35 73. (4-7 €).

“Julia Margaret Cameron – Capturer la beauté”

« Annie », 1864. « Annie », 1864.

« Annie », 1864. Photo Julia Margaret Cameron/The Royal Photographic Society Collection at the V&A, acquired with the generous assistance of the National Lottery Heritage Fund and Art Fund.

« J’aspirais à capter toute la beauté […] et, finalement, cette aspiration a été satisfaite », a déclaré la Britannique Julia Margaret Cameron (1815-1879) dans son autobiographie. Et qu’importent les imperfections : elle s’en moquait, tout entière dans sa quête commencée à l’âge de 48 ans. Clichés oniriques de Madone, recréation de scènes littéraires évoquant les tableaux des préraphaélites, portraits de ses proches, pleins de tendresse, et de personnalités, tel Darwin. Près de cent monochromes de l’avant-gardiste Cameron sont présentés au Jeu de paume. À la toute fin du parcours de l’exposition, on découvre le visage de cette intrépide, photographiée par un de ses fils.

s Jusqu’au 28 jan., 11h-19h (sf lun.), 11h-17h (dim.), 11h-21h (mar.), Jeu de paume,
1, place de la Concorde, 1er, 01 47 03 12 50. (7,50-12 €).

“Épreuves de la matière. La photographie contemporaine et ses métamorphoses”

Série « Negative », 2016. Série « Negative », 2016.

Série « Negative », 2016. Photo Thomas Ruff/BnF/ADAGP, Paris, 2023

Jouer avec le sujet, le traiter comme une matière à modeler. Celui-ci en ressort fragmenté ou agrandi, comme dans cet électronogramme d’Yves Trémorin, réalisé dans la chambre d’un microscope électronique (l’appareil utilise un faisceau d’électrons détectant des particules qui vont construire une image) : une patte d’insecte ressemble alors à un cactus vivant. Les métamorphoses gagnent la matière elle-même : les contorsions de la gélatine de la pellicule sont ainsi photographiées par James Welling. La BNF nous déroule toute une liste d’expérimentations récentes et étonnantes allant du daguerréotype au digital, du tirage sur céramique à la photo brodée. Un catalogue un peu étourdissant, d’où ressortent quelques images somptueuses.

r Jusqu’au 4 fév. 2024, 10h-19h (sf lun.), 13h-19h (dim.), BNF François-Mitterrand, 11, quai François-Mauriac, 13e, 01 53 79 59 59. (8-10 €).

“Noir & blanc : une esthétique de la photographie”

« 1er janvier 1972 à la Martinique ». « 1er janvier 1972 à la Martinique ».

« 1er janvier 1972 à la Martinique ». Photo André Kertész/BnF, Estampes et photographie, Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat

La BNF offre une deuxième chance à cette exposition d’envergure montée au Grand Palais en 2020 et qui n’a jamais pu ouvrir ses portes en raison de la pandémie. Présenté dans un vaste parcours non chronologique, l’accrochage montre plus de trois cents tirages en noir et blanc réalisés par deux cent six photographes allant de Gustave Le Gray à Valérie Belin, en passant par Ansel Adams, Man Ray, Robert Doisneau, Edward Weston ou encore Diane Arbus. Avec l’apparition de la pellicule couleur dans les années 1930, les photographes ont été amenés à creuser la spécificité du noir et blanc : ils inventent alors une écriture basée sur les effets de contraste, le jeu avec l’ombre et la lumière, les infinies nuances de gris… En fin de visite se déploie un incroyable nuancier composé de soixante-trois photographies, allant du presque blanc au noir quasi total.

r Jusqu’au 21 jan., 10h-19h (sf lun.), 13h-19h (dim.), BNF François-Mitterrand, 11, quai François-Mauriac, 13e, 01 53 79 59 59. (8-10 €).

“À partir d’elle. Des artistes et leur mère”

« Propositions pour un travesti incestueux et masturbatoire », 1975. « Propositions pour un travesti incestueux et masturbatoire », 1975.

« Propositions pour un travesti incestueux et masturbatoire », 1975. Photo Michel Journiac/Adagp, Paris 2023

Pas question ici de témoignages sur la vie de la mère de chaque artiste présenté. Mais plutôt des interrogations sur ce lien puissant qui les unit, posées par plus d’une vingtaine d’artistes des années 1970 à aujourd’hui, tels Christian Boltanski et Sophie Calle. Cette mère, la connaît-on vraiment, que nous a-t-elle transmis, comment transgresser les valeurs dont on a hérité, comment gérer l’éloignement, puis la disparition ? Il n’y a pas d’ordre, chacun s’arrêtera sur une proposition faisant écho à son ressenti : Michel Journiac travesti en sa mère et serrant celle-ci dans ses bras ; LaToya Ruby Frazier posant derrière sa fière maman… On en sort remué, forcément.

r Jusqu’au 25 fév. 2024, 12h-19h (sf lun., mar.), 12h-20h (mer.), Le Bal, 6, impasse de la Défense, 18e, 01 44 70 75 50. (6-8 €).

“Viviane Sassen – Phosphor : art & fashion 1990-2023”

« In Bloom » pour « Dazed magazine », 2011. « In Bloom » pour « Dazed magazine », 2011.

« In Bloom » pour « Dazed magazine », 2011. Photo Viviane Sassen et Stevenson (Johannesburg/ Cape Town/Amsterdam)

Un homme noir, la tête cachée par un livre rose ; un modèle soulevant un jupon jaune soleil dans un champ de fleurs ; un enfant africain buvant du lait dont la couleur tranche avec sa peau sombre… La photographe néerlandaise Viviane Sassen, 51 ans, raconte qu’en revenant dans le village kényan où elle avait passé sa petite enfance elle fut assaillie de rêves qu’elle retranscrivit par la suite avec son appareil. Cela donna, dans les années 2000, la bien nommée série « Flamboya », avec ses couleurs vives, où l’ombre dévore les visages et où les corps sont fragmentés. Toutes ses séries artistiques, parmi lesquelles « Umbra » ou « Parasomnia », mais aussi ses premières créations, alors que Sassen était encore étudiante, ainsi que des œuvres commerciales réalisées pour des marques et des magazines, sont présentées ici dans une grande et éblouissante rétrospective.

s Jusqu’au 11 fév., 11h-20h (mer., ven.), 11h-22h (jeu.), 10h-20h (sam.), 10h-16h (dim.), Maison européenne de la photographie, 5-7, rue de Fourcy, 4e, 01 44 78 75 00. (7-13 €).

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