Souvent décriés car kitsch ou commerciaux, les souvenirs du grand jour en disent pourtant long sur les couples qu’ils mettent en valeur. À vérifier à Renens.

Ces mariés de Suisse ont choisi la tendance américaine «trash the dress» (saccage la robe), qui veut que le couple pose dans un décor insolite. Et tant pis, donc, pour la robe.
Valérie Baeryswil/La Ferme des Tilleuls
Basés à Mumbai, Sam et Ekta, en couple dans la vie comme au travail, sont spécialisés dans la photographie de mariage. Tendance glam, bollywoodienne en diable. Quand ils ont été contactés pour être exposés, ils n’ont d’abord pas compris. Ce coup de projecteur, ça allait leur coûter combien? s’est enquis le duo. Avant de tomber à la renverse en apprenant qu’au contraire, ils seraient rémunérés pour que leurs images soient montrées de par le monde.
C’est qu’au panthéon de la photographie de l’instant, où trônent encore, tant bien que mal, les reporters de guerre, celles et ceux qui font carrière dans les bouquets et autres échanges d’alliances n’ont pas leur place. «La photographie de mariage est méprisée, ses auteurs vus comme de simples portraitistes. Je me reconnais, ou plutôt je me reconnaissais, dans ce snobisme», sourit Paolo Woods, curateur de l’exposition qui vient de s’ouvrir à la Ferme des Tilleuls à Renens.
Une «fonction sociale incroyable»
Lui-même photographe, il a autrefois tenu un studio galerie à Florence. «La photo de mariage, c’était ce qui faisait bouillir la marmite», se souvient-il. Depuis, le Canado-Néerlandais s’est fait connaître pour ses enquêtes au long cours. La dernière, réalisée avec le journaliste et réalisateur vaudois Arnaud Robert sur la dépendance mondiale aux médicaments, a donné lieu au livre et au film «Happy Pills» ainsi qu’à une exposition, à la Ferme des Tilleuls déjà.
Pour contourner les interdits sociétaux, la photographe saoudienne Manal Alhumeed cache le visage de la mariée d’un trait de pinceau numérique doré. Accentuant du même coup l’aspect fastueux des cérémonies.
Manal Alhumeed/La Ferme des Tilleuls
Depuis trois ans, Paolo Woods est également directeur artistique du festival de photographie toscan Cortona On The Move. «Le thème de l’édition 2022, c’était l’identité. Je me suis dit que la photo de mariage entrait pile-poil là-dedans.» Il se lance en quête de professionnels, véritables «prestataires». Et tombe sur «des pépites». «Ces images en disent tellement sur nos sociétés et nos rituels. Je ne dis pas que la photo de mariage doit être au MoMA, mais elle a une fonction sociale incroyable! Pour moi qui m’intéresse aux usages que l’on fait de la photographie, c’est passionnant.»
Kitsch assumé
Parmi les travaux exposés, citons le regard piquant de Juan De La Cruz Megías Mondéjar, qui photographia quelque 2500 mariages entre 1979 et 1999 dans l’Espagne postfranquiste. Ou la manière dont Manal Alhumeed se joue des restrictions sur la représentation des femmes dans son pays, l’Arabie saoudite, en cachant le visage de la mariée d’un trait de pinceau doré. Seul écart à la sélection, l’installation «Until Death Do Us Part (Jusqu’à ce que la mort nous sépare)» du Français Thomas Sauvin, qui montre, par le biais d’archives anonymes, le rôle des… cigarettes dans les mariages chinois.
Stars sur Instagram, les photographes du studio ghanéen FocusnBlur ont mis au point un filtre spécial pour magnifier les peaux noires.
Enoch Boateng et Maxwell Aggrey/La Ferme des Tilleuls
Diversité des genres et des pays sont au rendez-vous, jusqu’au kitsch assumé des Italiens Oreste e Ivana Pipolo. «Avant, c’était des mâles blancs qui allaient photographier le monde pour le «National Geographic». Mais si on veut découvrir un pays, c’est un photographe du pays qu’il faut mandater. Je ne voulais surtout pas d’un regard anthropologique», indique Paolo Woods.
De la Suisse à Haïti
Valérie Baeryswil partage sa vie entre la Suisse et Haïti. C’est là-bas que la Fribourgeoise a connu Paolo Woods, alors installé sur place. «Valérie nous avait montrés, à Arnaud (Robert) et moi, ses images. Elle avait un œil, c’était évident, mais je lui avais dit que les sujets étaient vus et revus, qu’elle devait faire autre chose. Et là, elle me montre ses photos de mariage. Extraordinaire! Elle a saisi des choses que personne n’avait jamais montrées.»
La photographe fribourgeoise Valérie Baeriswyl partage son temps entre la Suisse et Haïti (ici une mariée s’installant sr une mobylette).(c) Valerie Baeriswyl
Valérie Baeryswil/La Ferme des Tilleuls
De la soixantaine de mariages photographiés, la Fribourgeoise a tiré un livre, «Bonne vie à deux». Son travail, reportage de l’intime, est montré en Suisse pour la première fois.
«Quand on pense à Haïti, on pense pauvreté, choléra, tremblement de terre, kidnapping… Mais Haïti, c’est aussi 11 millions de personnes qui tombent amoureuses et se marient!» souligne celle qui est également photographe de mariage en Suisse sous le nom de Krakote.
Basée à Philadelphie, Lindsay Ladd se définit comme «photographe LGBTQ». L’Américaine «cultive une approche photographique très traditionnelle des mariages non traditionnels», souligne le curateur.
Lindsay Ladd/Ferme des Tilleuls
La Romande assume ses deux casquettes sans aucun complexe. «Photographier les mariages, cela demande beaucoup d’endurance, de capacité pour les portraits et le reportage en même temps. C’est intense et stressant.» Avec certains de ses clients de Suisse, qui la recontactent pour les naissances ou d’autres événements familiaux, les liens perdurent depuis vingt ans. Ses images de mariages en Suisse sont également exposées. «Le contraste avec Haïti est très fort. Mais au final, c’est toujours l’amour qu’on photographie», résume-t-elle joliment.
«Oui, je le veux!», jusqu’au 15 déc. 2024, ma – di (11 h-18 h) à la Ferme des Tilleuls à Renens, fermedestilleuls.ch. Attention, l’accès en voiture n’est pas possible. Visites guidées de Valérie Baeriswyl les sa 21 sept. (Nuit des musées, 21 h) et di 17 nov. (14 h). Les photos de mariage des visiteurs sont les bienvenues.
«Dernières nouvelles»
Vous voulez rester au top de l’info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, directement dans votre boîte e-mail. Pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Cet écrit a été rendu du mieux possible. Au cas où vous projetez de présenter des renseignements complémentaires à cet article sur le sujet « Olivier Perrenoud | Photographe » vous pouvez écrire aux contacts affichés sur ce site. olivierperrenoud.fr vous présente de lire cet article autour du sujet « Olivier Perrenoud | Photographe ». olivierperrenoud.fr est une plateforme d’information qui réunit de multiples informations publiés sur le web dont le domaine principal est « Olivier Perrenoud | Photographe ». Connectez-vous sur notre site olivierperrenoud.fr et nos réseaux sociaux dans l’optique d’être informé des prochaines communications.