La mémoire du temps
Moët & Chandon
À Épernay, sous les 28 kilomètres de caves creusées dans la craie, Moët & Chandon a convié l’artiste star Daniel Arsham à réaliser une œuvre vouée à orner la Galerie impériale. Le plasticien américain, représenté par le galeriste parisien Emmanuel Perrotin, a livré une sculpture monumentale longue de 3 mètres en résine blanche évoquant l’histoire de la maison.
Cette incursion de l’art sous terre se double d’une exposition dédiée, là encore, à l’épopée de la maison née en 1743, et interprétée à travers plusieurs créations signées de l’Atelier Baqué Molinié. Son travail délicat de perles et de broderies fait naître une couronne symbolisant les liens de Moët & Chandon avec les grandes dynasties royales du XVIIIe siècle, dont la cour d’Angleterre, un éventail évoquant Madame de Pompadour et son goût pour le champagne ou encore le bicorne, symbole de Napoléon, qui a représenté plus de 400 heures de travail. L’Empereur était un habitué d’Épernay, proche de Jean-Rémy Moët. Le Brut Impérial est d’ailleurs né de ces liens – une des multiples anecdotes glanées au fil du parcours guidé des caves…
Exposition jusqu’à fin octobre, 35 € avec visite des caves et dégustation. Visite des caves, à partir de 40 €. moet.com
Séjourner : à l’hôtel Royal Champagne, à deux pas d’Épernay. À partir de 689 € la nuit. royalchampagne.com/fr
Colorama
Commanderie de Peyrassol
Le vignoble varois est devenu un des hauts lieux de l’art contemporain en France au gré d’installations permanentes et d’expositions temporaires ambitieuses. Cette saison, le plasticien français Bertrand Lavier occupe la galerie principale du domaine avec ses fameux objets du quotidien détournés en un foisonnement de propositions aux couleurs vives. L’artiste est proche de Philippe Austruy, propriétaire visionnaire de la Commanderie de Peyrassol et grand collectionneur d’art. Ensemble, ils ont imaginé cette exposition, dont certaines créations proviennent directement du domaine. On peut notamment admirer un des vieux motoculteurs ayant servi dans les clos et une Dauphine abandonnée revus par Bertrand Lavier. Au-delà de l’exposition événement, on découvre à travers le domaine les différentes pièces de la collection, dont un superbe ensemble de Daniel Buren ou la sculpture en forme d’archange de Berlin de De Bruyckere (inaugurée en 2023) dominant un des champs de vignes.
Exposition « Bertrand Lavier » jusqu’au 3 novembre. Balade entre art, vignes et forêt incluant l’exposition temporaire, 13 €. peyrassol.com
Séjourner : Peyrassol propose des chambres d’hôtes au sein de son domaine. À partir de 130 €.
Casting de rêve
Château La Coste
Au Puy-Sainte-Réparade, non loin d’Aix-en-Provence, les lieux sont en constant mouvement depuis le rachat de ce vignoble par l’homme d’affaires irlandais Paddy McKillen, il y a vingt ans. Outre une collection d’art en perpétuelle évolution, le Château La Coste s’est enrichi, au fil des années, de nouveaux espaces d’exposition réalisés par les plus grands architectes comme Tadao Ando, Richard Rogers ou encore Oscar Niemeyer. Toutes les œuvres présentées ont été pensées par les artistes pour les lieux où elles sont installées, y compris l’iconique araignée de Louise Bourgeois semblant flotter sur le bassin dessiné par Tadao Ando. L’idée est de créer un double dialogue, avec les artistes et avec les visiteurs, toujours plus nombreux. On retrouve le travail de Tracey Emin, Richard Long, Richard Serra ou Yoko Ono en grimpant sur les collines du vaste domaine lors d’une étonnante randonnée.
Outre le parcours dans les vignes, les différentes galeries présentent des expositions temporaires. Le vin demeure au cœur des activités : des dégustations sont organisées chaque jour. L’expérience est également gastronomique : les restaurants invitent de grands chefs comme Hélène Darroze ou Francis Mallmann.
Parcours « Art et architecture », 15 €. chateau-la-coste.com/fr
Séjourner : à La Villa La Coste, à partir de 975 € la nuit ; ou à l’Auberge La Coste, à partir de 290 € la nuit.
Inspirations catalanes
Château de Jau
Disparu en début d’année, Bernard Dauré fut un des premiers à associer l’art et les vignes à la fin des années 1970. Parallèlement au développement des vignobles du Château de Jau, situé à Cases-de-Pène, dans les Pyrénées-Orientales, l’ancien négociant devenu viticulteur inaugure une fondation d’art contemporain. Elle accueille, au fil de différentes expositions, César, Antoni Tapies, Arman ou encore le plasticien niçois Ben, qui prêtera son célèbre trait aux étiquettes ornant la syrah ou le sauvignon des bouteilles de Jaja de Jau.
Son fils Simon Dauré veille à présent sur l’ancienne propriété de moines cisterciens qui accueille toujours des expositions en été. Cette année, le peintre Nicolas Cussac – dont le travail mériterait de gagner un parcours national et une galerie parisienne – est à l’honneur, à travers une rétrospective centrée sur trois séries évoquant son quotidien, sa famille et son atelier de Canet-Plage.
Bernard Dauré fut également un pionnier de l’œnotourisme. Il ne faut pas manquer la bonne table du Grill, inaugurée en 1977 à l’occasion de la visite d’Anne-Aymone Giscard d’Estaing.
Exposition jusqu’au 30 septembre, entrée libre. Menu au Grill : 45 € (dégustation de vin incluse). chateaudejau.com
Séjourner : le Château de Jau dispose d’une demeure à louer pouvant accueillir jusqu’à 10 personnes. À partir de 429 € la nuit. airbnb.com
Bouillon de culture
Bernard Magrez
Le propriétaire de Château Pape Clément et de nombreux vignobles dans le Bordelais cultive une passion pour l’art et la création contemporaine. Bernard Magrez s’est intéressé aux différentes révolutions de l’art moderne et contemporain, y compris celle du street art. Il a consacré plusieurs expositions réunissant les grandes signatures de l’art de rue comme Shepard Fairey – à qui l’on doit la fameuse affiche Hope de Barack Obama – ou encore JonOne ou Miss. Tic. Ces dernières années, plus de 500 œuvres ont été commandées à la jeune garde de la création, formant ainsi une collection de premier plan ponctuellement dévoilée à l’Institut culturel Bernard Magrez, situé au Château Labottière, à Bordeaux.
Si la programmation muséale est en pause pour le moment, on peut néanmoins y apprécier tout l’été des concerts en plein air – la prochaine édition est prévue les 13 et 14 septembre. À moins de rejoindre le Château Pape Clément où, là encore, création contemporaine, musique et grands crus font bon ménage. Témoins, les Jeudi-vins, sortes d’afterworks avec food-trucks et dégustations proposés sur la terrasse du domaine.
Concerts Open Air, entrée libre. Visites et dégustations au Château Pape Clément, à partir de 40 €. bernard-magrez.com
Séjourner : à l’hôtel Mondrian Les Carmes, à Bordeaux. À partir de 288 € la nuit. mondrianhotels.com
Et la lumière fut
Chasse-Spleen
Depuis 2018, Chasse-Spleen s’est doté d’un centre d’art ouvert au public. Outre un moulis-en-médoc de haute volée, le prestigieux domaine est désormais couru pour ses expositions accueillant l’élite de l’art contemporain comme, cette année, le plasticien Dan Flavin, disparu en 1996 et considéré comme l’un des artistes américains les plus importants du XXe siècle. L’exposition « Il y a encore de la lumière » renvoie aux deux dernières éditions qui ont accueilli Michel Verjux et François Morellet, tous deux ayant travaillé ce thème à travers des installations et des sculptures. Ce triptyque lumineux se poursuit donc avec Dan Flavin dont le principal outil fut le néon, menant à une œuvre considérable présente dans tous les plus grands musées internationaux. Céline Villars-Foubet et Jean-Pierre Foubet, les propriétaires du château, ont pu réunir un remarquable ensemble de huit pièces issues d’une collection privée, dont une en hommage à Calder, et l’immanquable composition de néons verts et jaunes dédiée à Sonja, l’épouse de l’artiste.
En marge de cette programmation, on pourra également admirer, au cœur du chai et dans les jardins du domaine, les différentes acquisitions artistiques du couple Villars-Foubet, dont la création du Suisse Felice Varini, avant de poursuivre l’expérience avec une dégustation au Baravin.
Exposition jusqu’au 15 octobre, entrée libre. Visite et dégustations, à partir de 12 €. chasse-spleen.com
Séjourner : au Château Cordeillan-Bages, élégant Relais & Châteaux situé à vingt minutes des vignobles. À partir de 251 € la nuit. cordeillanbages.com/fr
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