L’incendie volontaire de la porte de l’hôtel de ville de Bordeaux, en marge d’une journée de mobilisation contre la réforme des retraites hante encore les esprits. Soudain, le soir du 23 mars 2023, le bleu méditerranéen, emblématique des porches monumentaux bordelais de la fin du XVIIIe siècle, a viré au noir charbonneux. L’outrage des flammes dévorant la porte cochère passé, l’acte qualifié de « vandalisme » par la Ville jugé, place à l’histoire. Ce 22 octobre, la porte brûlée a fait l’objet d’une conférence au Grand-Théâtre en ouverture d’un forum original intitulé « Noirs pluriels. Qui a peur du noir ? », à l’initiative de l’Opéra national de Bordeaux.
Archives Fabien Cottereau / SO
Mémoire collective
« Quand la porte a brûlé en 2023, les habitants ont été sidérés par cette noirceur qu’ils n’avaient pas vu venir. Le noir, c’est cette partie de la société qu’on laisse dans un angle mort, c’est la mémoire que l’on affronte difficilement, c’est la fascination pour une matière proche de l’absolu, c’est la nuit qu’on a perdue dans les villes, c’est une partie de l’espace qu’on ne sait appréhender. La porte rentre-t-elle dans l’histoire ? A-t-elle un statut ? » s’est interrogé le directeur général de l’Opéra national de Bordeaux, Emmanuel Hondré. En ouverture, le maire Pierre Hurmic, tout en noir, a rappelé qu’une porte identique sera posée à l’automne 2025. Le coût des travaux a été avancé : 500 000 euros HT.
Laurent Védrine, directeur du musée d’Aquitaine, invité, a posé le débat : « Que conserver d’une nuit de protestation ? » Il a confirmé qu’une « réduction de la porte brûlée protégée au titre des Monuments historiques sera présentée, avec ses médaillons, au musée. Il faut conserver son témoignage et aussi transmettre la mémoire des manifestations populaires aux XXe et XXIe siècle. » Il est vrai qu’elle en a vu, son histoire remonte à la construction du palais de l’archevêque (1771), devenu siège d’un tribunal criminel, résidence du préfet, palais impérial, château royal et enfin un hôtel de ville à partir de 1835.
S. G.
« Derrière cette porte brûlée, se cachent beaucoup de significations »
« Geste de crétin »
Alors, œuvre artistique ou témoignage d’une dégradation ? La question est ouverte : « Peut-on devenir une œuvre d’art sans avoir voulu l’être ? » a demandé Emmanuel Hondré. « C’est le résultat artistique d’un geste de crétin en marge d’une manifestation populaire, voilà. On aurait dû la garder en état, le noir renvoie à tout ce que Bordeaux a occulté. Elle est d’une beauté sombre. On a bien gardé en état Oradour-sur-Glane », a relevé, par exemple, un M. Lenoir. Noël Mamère, ancien maire de Bègles, à l’origine du musée de la Création franche, a conclu : « Cette porte était banale, il a fallu qu’elle soit brûlée pour que nous décidions que c’était une œuvre d’art. Derrière elle, se cachent beaucoup de significations. »
S. G.
D’autres événements
« Noirs pluriels. Qui a peur du noir ? » continue jusqu’au 26 octobre avec d’autres conférences et performances. Par exemple, le 23 octobre : à 16 h 30, une réflexion sur la lumière au théâtre par les élèves du Cours Florent de Bordeaux ; à 17 h 30, une rencontre Sciences Po et « Sud Ouest » avec Tania de Montaigne, autrice de l’essai « L’Assignation : les Noirs n’existent pas ». Gratuit. Programme sur opera-bordeaux.com
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