La nouvelle exposition du Pavillon populaire met en avant l’œuvre de Gisèle Freund, une photographe qui se définissait avant tout comme sociologue et écrivaine. Dans les trois parties de l’exposition, le public peut explorer son travail photographique des premiers temps, comment elle construisait un reportage et son apport aux questionnements sur l’image.
Après Gabriele Münter et Eudora Welty, durant tout l’été, c’est maintenant l’œuvre de Gisèle Freund (1908-2000) qui est mise en avant pour ce qui sera la dernière des expositions photographiques proposées par Gilles Mora au Pavillon populaire. De l’Allemande naturalisée française, on connaît beaucoup les portraits, comme celui de Malraux réalisé en 1935, celui de Frida Kahlo ou celui de la photo officielle du Président François Mitterrand en 1981. Si ces images de personnalités connues sont bien visibles dans cette exposition intitulée »Une écriture du regard », la volonté était de montrer un tout autre aspect de la photographe qui se considérait avant tout comme « sociologue et écrivaine ».
Trois axes ont guidé la commissaire de l’exposition Lorraine Audric : « limiter le nombre de portraits, être didactique et explorer la matérialité de l’image », car la photographe fut une théoricienne du médium qu’elle employait, réfléchissant sur l’impact des images.
Trois parties distinctes
L’espace est ainsi divisée en trois parties marquées par des couleurs. Le rouge va à la section baptisée « La photographie comme arme sociale ». Les clichés qui y sont présentés nous montrent l’engagement politique de la jeune femme qui vécut la montée du nazisme et qui a dû quitter l’Allemagne dès 1933 pour la France. C’est dans notre pays qu’elle va immortaliser par ses portraits les plus grands écrivains de l’époque. Un appareil à diapositives nous en donne de nombreux aperçus. Pendant la guerre, elle part pour l’Argentine pour réaliser différents reportages sur les laissés-pour-compte. L’utilisation de la couleur est manifeste. Ce qui est rare à cette époque. Plus tard, elle rejoindra le Mexique avec le même souci de témoigner par la photographie de réalités sociales et politiques.
La production d’un reportage
Le deuxième espace à une vocation didactique et entend faire partager au public comment Gisèle Freunde concevait ses reportages. 8 parties apparaissent, de la prise de vues, au choix des cadrages en passant par le texte accompagnant les clichés. Une section très éclairante, allant jusqu’à distinguer le tirage pour le photojournalisme du tirage de collection. On peut aussi voir le matériel utilisé par la photographe et regarder les planches contact à la loupe.
La dernière section, plus resserrée, s’attache au titre de l’exposition soit « l’écriture du regard ». Elle fournit les clichés peut-être les plus captivants de l’exposition. Dans les précédents clichés de l’exposition, c’est le sujet qui l’emporte sur la forme. Là, c’est l’inverse. Issus de ses archives, ces photographies questionnent le regard. Personnes photographiant ou public regardant un défilé, un spectacle : Gisèle Freunde tente de capter la manière dont nous regardons. La mise en abyme joue à fond.
Gilles Mora, c’est fini
Après 14 ans passés à élaborer le programme du Pavillon populaire, cette exposition présentant le travail de Gisèle Freunde est la dernière du directeur artistique du lieu municipal. Le contrat de Gilles Mora arrive à son terme fin 2024. À l’occasion du vernissage, Michaël Delafosse, le maire de Montpellier a rendu hommage à l’historien et critique de la photographie, mettant en avant les grands rendez-vous qu’il a offerts aux Montpelliérains. Citons les expositions autour des œuvres de Bernard Plossu, de Raymond Depardon, Peter Lindbergh ou encore des photographes de l’École de New York 1935-1965. N’oublions pas l’éclairante exposition, il y a deux ans, sur la photographie en France (1968-1989) que beaucoup de lieux dans le pays auraient aimé avoir. Après cette exposition, le Pavillon populaire va fermer pour travaux et rouvrira ses portes au dernier trimestre 2025 avec une exposition Depardon.
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