Aux États-Unis, un collectif d’ONG crée un index de la censure artistique liée au conflit israélo-palestinien


Face à la montée des cas de censure, la National Coalition Against Censorship répertorie et rend public toutes les annulations ou reports d’événements culturels consécutifs au 7 octobre. Entretien avec sa directrice, Lee Rowland.

Des manifestants protestent contre l’annulation de l’exposition de l’artiste palestinienne Samia Halaby, programmée à Bloomington et recensée dans l’index de la NCAC. Des manifestants protestent contre l’annulation de l’exposition de l’artiste palestinienne Samia Halaby, programmée à Bloomington et recensée dans l’index de la NCAC.

Des manifestants protestent contre l’annulation de l’exposition de l’artiste palestinienne Samia Halaby, programmée à Bloomington et recensée dans l’index de la NCAC. Photo Jeremy Hogan/SOPA Images/SIPA

Par Suzanne Camus

Publié le 16 juillet 2024 à 17h00

Aux États-Unis, depuis le 7 octobre des dizaines d’artistes ont été censurés en raison de leur prise de position sur le conflit entre le Hamas et Israël. En réponse à cette situation, la National Coalition Against Censorship (NCAC), une organisation à but non lucratif basée à New York et composée de plus de cinquante organisations, a décidé de lancer sur son site une carte intitulée « index de la censure artistique » qui documente tous les cas et fait l’objet d’une mise à jour permanente. Lee Rowland, directrice de cette organisation, nous explique la raison d’être et l’utilité de cet index.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer cet outil ?
L’augmentation claire des signalements de censure après le 7 octobre, et encore ces dernières semaines, venant majoritairement d’artistes censurés en raison de leurs opinions personnelles ou des thèmes présents dans leurs œuvres liés de près ou de loin au conflit israélo-palestinien. Beaucoup de cas ont d’ailleurs été directement signalés par des médias dans des articles consacrés au report ou à l’annulation d’événements artistiques en réponse à une prise de position d’artistes sur le conflit. Il nous a semblé nécessaire de relayer ces informations.

Il est habituel que la censure augmente en réaction à un événement violent surtout si celui-ci concerne la politique internationale, comme pour les attaques du 11 septembre 2001.

Vous ne rendez habituellement pas public les cas de censure qu’on vous signale, pourquoi avoir pris la décision de le faire cette fois-ci ?
La multiplication des cas de censure depuis le 7 octobre entre clairement dans le cadre des tendances qu’il nous appartient de répertorier et de rendre public en tant que collectif cherchant à protéger la liberté d’expression. Il est habituel que la censure augmente en réaction à un événement violent surtout si celui-ci concerne la politique internationale, ce fut par exemple le cas après les attaques du 11 septembre 2001. Il y a une réelle valeur éducative à recenser alors tous ces cas de censure et à les rendre publics. En temps normal, nous recevons des signalements que les institutions culturelles nous communiquent de manière confidentielle, nous ne pouvons donc pas les publier, mais ils nous permettent de mieux comprendre et appréhender ce qui fait débat dans le monde de l’art américain.

Quels sont les critères utilisés pour déterminer ce qui relève ou non de la censure et doit figurer dans l’index ?
Nous nous concentrons sur les décisions institutionnelles de modifier ou d’annuler une forme d’expression artistique par peur des sujets traités ou des considérations politiques qu’ils sous-tendent. Par exemple, le retrait d’une sculpture (une pastèque, symbole de la résistance palestinienne), qui devait être exposée au festival Burning Man mais ne le sera finalement pas après qu’une pétition a demandé son retrait. Que la décision soit motivée, comme ici, en raison d’une pression extérieure ou qu’elle émane d’un responsable au sein de l’établissement, cela revient au même : l’institution censure une œuvre pour des raisons politiques. Finalement, peu importe sa nature ou son origine, la censure aboutit forcément à moins d’art pour nous tous.

Dans quelle catégorie faites-vous entrer les événements reportés mais pas annulés ?
La décision de reporter un événement compromet toujours moins l’image d’une institution que celle de l’annuler complètement. Et un report vaut toujours mieux qu’une annulation puisque le public finit en principe par avoir accès aux œuvres. En revanche, il faut rester vigilant car seul l’avenir nous dira si les œuvres seront exposées. Par ailleurs, beaucoup d’artistes s’accordent à dire qu’un des rôles de l’art est de réagir au contexte politique du moment. Dès lors qu’il est interdit à quelqu’un d’exprimer ce qu’il souhaite quand il le souhaite, on peut donc parler de censure.

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